31 décembre 1999. Le monde attend fébrilement le passage au nouveau millénaire dans la crainte du grand bug de l’an 2000, mais c’est un tout autre chamboulement qui nous attend. Entre les émissions de télé-crochets, l’essor d’internet, le peer to peer et la multiplication des comédies musicales, c’est surtout l’industrie musicale dans son ensemble qui a changé de millénaire.
L’avènement du numérique
Le son le plus marquant de l’époque ? C’est sans contexte celui du modem qui se connecte à internet. Ah, ce doux bruit strident qui annonçait qu’on allait pouvoir surfer sur la toile… L’internet rentre dans les foyers et avec lui le partage de fichiers MP3. Les plateformes de téléchargement changent la manière d’accéder à la musique de beaucoup. Certes, il fallait compter une bonne trentaine de minutes pour mettre la main sur le dernier tube d’Hélène Ségara, mais les ventes de CD sont déjà sur une pente descendante alors que le téléchargement prend le chemin inverse. Les années 2000, c’est aussi le tout premier iPod, sorti en 2001. Un petit appareil qui rentre dans la poche et peut contenir jusqu’à 5 Go de données, soit à peu près un millier de morceaux. Fini le temps où on se baladait avec des CD dans son sac : on peut désormais accéder à toute sa discothèque immédiatement.
L’explosion de l’électro
En parallèle de cette évolution technologique, les artistes exploitent de nouvelles palettes sonores. Une nouvelle énergie qui tombe à pic, vu qu’on a grave envie de s’ambiancer. Le DJ français David Guetta va contribuer à populariser la house, avec un style musical très varié et des featurings comme « When Love Takes Over » avec Kelly Rowland, ex-Destiny’s Child, en 2009. L’autre DJ influant de la décennie, c’est Bob Sinclar. En 2005, le titre « Love Generation » cartonne et se classe premier au Billboard dance.
L’autre phénomène électro de l’an 2000, c’est évidemment l’emblématique « One More Time » de Daft Punk, considérée comme la meilleure chanson dance de tous les temps par le magazine Rolling Stone, qui cartonne partout dans le monde. Premier extrait de Discovery, il s’accompagne d’un clip vidéo qui détonne à l’époque, un anime signé par le créateur d’Albator.
La montée en puissance des émissions musicales
La première chaine à se lancer dans l’aventure du télé-crochet en France, c’est M6 avec Graine de stars à la fin des années 90, puis Popstars dès 2001. L’émission va révéler les L5, premier girls band de l’Hexagone, mais aussi Sheryfa Luna ou Chimène Badi. Mais c’est M. Pokora qui touche le jackpot. Grand gagnant en 2003 avec le groupe Linkup, il sort son premier album solo en 2004. En parallèle sur la même chaine, La Nouvelle Star cartonne avec des gagnant·e·s emblématiques comme Christophe Willem et Julien Doré, mais également des candidat·e·s éconduit·e·s qui tirent leur épingle du jeu à l’instar d’Amel Bent.
La Star Academy de TF1 va aussi lancer des carrières, comme celles de Jenifer, Nolwenn Leroy ou encore le regretté Grégory Lemarchal. Outre-Manche, c’est Leona Lewis qui va marquer l’émission X Factor.
Les télé-crochets changent notre rapport aux stars et à la célébrité en donnant au public la possibilité de les voir évoluer en direct et d’avoir leur mot à dire sur la suite de leur carrière. La télé semble abolir les frontières entre la star et son public et permet une identification encore plus forte qu’auparavant. Un phénomène qui va s’amplifier dans les années 2010 avec la popularisation des réseaux sociaux, qui va nous permettre d’être au plus proche du monde et du quotidien des artistes.
Le phénomène teen pop
Si les années 90 sont si importantes dans l’histoire de la musique pop, c’est parce qu’elles ont révélé des teen stars comme Britney Spears et Christina Aguilera. Et elles sont suivies par toute une génération de chanteuses venues elles aussi de l’univers Disney : Hillary Duff, Selena Gomez ou encore Miley Cyrus connaissent des succès phénoménaux. En France, les lolitas calquent leur style vestimentaire et musical sur leurs consœurs américaines. Alizée, découverte dans Graine de Stars, sort son premier titre « Moi… Lolita » en 2000. Elle est suivie de près par Lorie en 2001 et par Priscilla en 2002.
Et le phénomène est aussi masculin ! Justin Bieber débarque avec son single « Baby » et son premier album, My Worlds, qui intègre le top 40 du classement Billboard Hot. Les ados du monde entier vont également s’époumoner devant les Jonas Brothers, eux aussi 100 % Disney, ou encore Justin Timberlake, tout juste échappé de *NSYNC.
La folie des comédies musicales
En France, les années 2000 voient débarquer de nombreuses comédies musicales, genre jusque là plutôt populaire en Angleterre ou aux États-Unis. Dans le sillage du succès de Notre-Dame de Paris, Les Dix Commandements, composés par Pascal Obispo, ouvrent le bal en 2000 pour 800 représentations. Porté par le titre « L’envie d’Aimer » de Daniel Levi, c’est un immense succès. D’autres cartons, comme Mozart l’Opéra Rock et Le Roi Soleil, suivront.
Les rois et reines du hip-hop
La décennie est très influencée par le hip-hop. Ainsi, parmi les plus grands hits, on va retrouver :
- Le hit de 50 Cent « In Da Club » produit par Dr. Dre.
- Une des meilleures chansons des années 2000, « Dilemma » de Nelly feat. Kelly Rowland.
- Missy Elliott récompensée au Grammy Awards pour « Get Ur Freak On ».
- « Family Affair » de Mary J Blige qui règne sur le Billboard Hot 100 pendant 6 semaines
- La chanson « Hey Ya ! » du groupe de hip-hop OutKast devenue virale sur YouTube
- Gnarls Barckley et son titre soul psychédélique « Crazy » qui nous rappelle pourquoi les années 70 sont si cools.
- Gorillaz qui signe une collaboration avec De La Soul sur « Feel Good Inc ».
- Timbaland et ses productions légendaires avec Aaliyah sur « Try Again » puis avec Nelly Furtado sur « Promiscuous ».
- Rihanna et son « Umbrella ».
Le rock revient en force
Duo guitare-batterie au son rock de garage dépouillé, The White Stripes se classe comme l’un des meilleurs groupe de rock de la décennie. Le titre « Seven Nation Army », grâce notamment à son riff de guitare, est devenu un véritable hymne. La pop punk est à son apogée, avec des groupes comme Sum 41 et Blink-182, ou encore la canadienne Avril Lavigne et son « Sk8er Boi ». Et comment ne pas citer Linkin Park, qui détonne avec ses influences rapcore et nu métal ?
Les reines des charts
Les années 2000 portent chance à Beyoncé, qui remporte 64 récompenses en or et platine durant la décennie, avec des titres comme « Crazy in Love » ou « Baby Boy » en 2003. Autre grande voix qui se démarque, celle d’Alicia Keys avec son magnifique « Fallin » en 2001, puis « Empire State Of Mind » avec JAY-Z en 2009.
Dans un registre plus pop rock, P!nk enchaine aussi les tubes, avec son style très original. N’oublions pas Gwen Stefani, lancée en solo après des années au sein de No Doubt, qui passe du ska métal à la pop avec Love Angel Music Baby. De son côté, Katie Perry sort « I Kissed a Girl » et rencontre un succès immédiat partout dans le monde.
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