Vieilles Charrues 2014 : l’éclectisme à son apogée, d’Etienne Daho à 30 Seconds To Mars

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Le festival des Vieilles Charrues vient de terminer sa 23e édition , à Carhaix-Plouguer, où 225.000 personnes se sont rendues sur les 4 jours de festivités.

Etienne Daho aux Vieilles Charrues 2014
  • Dimanche 20 juillet 2014 : l’éclectisme en guise de bouquet final, de Daho à Leto

C’est sous le signe de la chanson française que ce 4e jour des Vieilles Charrues achève son après-midi ensoleillé. Christophe, tout d’abord, sur la grande scène. La foule est plutôt compacte, bien que plus éparse que la veille. A 68 ans, l’artiste livre une prestation calme mais habitée. Il laisse du monde sur sa faim, malheureusement, étant très en retrait par rapport à son public, qui ne l’a pas trouvé assez communicatif.

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Etienne Daho prend le relais sur la scène Kerouac, avec une énergie réjouissante, arpentant la scène d’un pas alerte. Très élégant, habillé de noir et caché derrière des Ray-Ban, un sourire radieux ne quitte pas son visage. Emu, lui aussi, de retrouver le public des Vieilles Charrues, il lance plusieurs baisers à la foule, prend le temps de raconter l’histoire de certains titres.

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Le public le lui rend bien, en criant « Etienne » à plusieurs reprises, formant une chenille géante et sinueuse. Maîtrisant aussi bien ses tubes pop des années 80 (« Tombé pour la France », « Bleu Comme Toi ») que les titres de son nouvel album, au rock hanté (« Les Chansons de l’Innocence Retrouvée »), Daho confirme à nouveau son statut de ponte de la chanson française.

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Changement de registre total, lorsque Lily Allen apporte sa pop fraîche et décomplexée, dans des tenues multicolores, la scène remplie de biberons géants. L’Anglaise ne quitte presque pas l’avancée coupant la fosse en deux, et réchauffe l’atmosphère avec ses titres dansants. Elle introduit chaque titre par sa signification, et ne peut s’empêcher de rire à de nombreuses reprises, ou plaisanter. Comme gênée qu’autant de monde soit venu l’écouter. On retient notamment « Fuck You », dont le refrain est repris par la foule, le beau moment offert sur sa reprise de « Somewhere Only We Know », et la mise en scène improbable de « Not Fair », avec des visuels de corps d’hommes nus, cachant leurs bijoux de famille…avec des bijoux.

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Les pétillants BB Brunes proposent ensuite leur vision de la pop à la française, en lieu et place du génial Miles Kane, annulé pour cause de maladie. Si le groupe peut encore susciter débat, il faut leur laisser leur maîtrise de la scène, et leur capacité à motiver la foule, fatiguée de ces 4 jours de festival. Difficile de résister au rythme sautillant de « Dynamite », « Coups et Blessures », « Stéréo ».

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La transition avec 30 Seconds To Mars est un peu rude. Proposé en clôture de cette 23e édition des Vieilles Charrues, le trio américain déploie son stadium rock grandiloquent, dont le caractère parfois répétitif se cache derrière des effets de scène, type lancers de ballons multicolores ou de cotillons.

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Cheveux longs et barbe fournie, tout de blanc vêtu, une couronne dorée sur la tête, Jared Leto, assume son rôle de leader charismatique jusqu’au bout. Il parle quelques mots de français – dont son expression favorite « C’est trop ouf’ » -, brandit le drapeau breton, fait monter deux fans ahuris sur scène, autorise même l’un d’eux à accompagner son frère, Shannon Leto, à la batterie. Ce dernier est d’ailleurs impressionnant de force et de dextérité, martelant ses nombreuses caisses et cymbales sans répit. De quoi sonner Carhaix-Plouguer au moins jusqu’à l’année prochaine.

En résumé de ce dimanche 20 juillet :

– l’indispensable : Etienne Daho

– le plus « Fan 2 » : 30 Seconds to Mars

– le rayon de soleil : Lily Allen

– on les a loupés et on le regrette : Girls in Hawaii, Yodelice

  • Samedi 19 juilllet : le rock fait le show avec Arctic Monkeys et Shaka Ponk

Le site des Vieilles Charrues ensoleillé (DeezerFrance)

La foule semble avoir doublé depuis la veille, rendant la circulation assez compliquée sur le site des Vieilles Charrues en ce samedi 19 juillet. Il faut savoir jouer des coudes pour approcher ses artistes préférés.

Il y a du monde pour Détroit, programmés en fin d’après-midi. La formation menée par Bertrand Cantat assure un set énergique et intense.

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Place ensuite à la douceur de Julien Doré, au moins aussi ému que sa consoeur Christine & The Queens par l’accueil chaleureux que la foule lui réserve. Il s’agit de son deuxième passage aux Charrues, le premier datant d’il y a 5 ans.

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Julien ne se ménage pas : une fois « Paris-Seychelles » terminée, son groupe prolonge la rythmique du morceau, la foule faisant office de choeur géant. Le chanteur en profite pour passer la barrière, et fendre le public à pied pour rejoindre la tour des ingénieurs son. Il grimpe à son sommet et y fait exploser un lancer de cotillons. Le public exulte, et un spectateur le prend même sur ses épaules, une fois redescendu, pour le transporter jusqu’à la scène. Julien remercie le public d’une voix tremblante, les yeux embués de larmes.

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Il faut saluer le choix du chanteur d’apporter des chansons plus calmes au set, comme « Corbeau Blanc » et « On Attendra l’Hiver »; qui sont magnifiées sur scène, les guitares étant plus poussées.

Il y a beaucoup moins d’émotion du côté des Arctic Monkeys, la formation britannique étant peut-être un peu fatiguée de parcourir le monde depuis bientôt 10 ans. A la place, beaucoup d’effets de style de la part du leader, Alex Turner, qui recoiffe ses cheveux gominés à l’aide d’un peigne soigneusement conservé dans sa poche.

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Il faut laisser au groupe la maîtrise parfaite de leur set, sans un accroc. Les deux premiers tiers sont surtout consacrés à leurs précédents albums, avec des tubes comme « I Bet You Look Good On The Dancefloor » ou « Brianstorm ». Il faut attendre la toute fin pour que le public se déhanche sur « Do I Wanna Know ? », « Why D’you Only Call Me When You’re High », ou encore, « One For The Road ». Tout comme Julien Doré, le groupe de Sheffield fait le pari de quelques titres plus doux, comme « Fireside » et « No 1 Party Anthem », sur laquelle une boule à facettes est sortie.

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Les plus motivés ont dû attendre jusque 1h du matin pour slammer sur le rock survolté de Shaka Ponk, qui quitte la scène à 3 heures du matin (On vous avoue qu’on a pas eu le courage, mais on ne doute pas que le groupe a tout déchiré, comme d’habitude.).

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En résumé de ce samedi 19 juillet :

– l’indispensable : Arctic Monkeys

– le plus « Fan 2 » : Julien Doré

– le rayon de soleil : Julien Doré

– on les a loupés et on le regrette : Fakear

  • Vendredi 18 juillet : de Stromae à Elton John, en passant par Franz Ferdinand et Kid Wise, la pop à l’honneur

Kid Wise aux Vieilles Charrues 2014

C’est sous une chaleur estival que les Vieilles Charrues entament le deuxième jour de leur édition 2014. Jungle ouvre les festivités en milieu d’après-midi. Ce duo anglais vient de sortir son premier album, éponyme, mêlant soul, funk et jazz. D’une certaine homogénéité, leur set ressemble à un long boeuf, mais a le mérite d’être énergique. Jungle se serait plus épanoui s’il avait été programmé de nuit.

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Après la musique bretonne traditionnelle de The Celtic Social Band, toujours aussi populaire auprès du public des Vieilles Charrues, Elton John prend place sur la scène Glenmor. Après le rendez-vous manqué de l’année dernière – à cause d’une crise d’appendicite aiguë – le chanteur et compositeur s’offre le luxe d’un concert de 2 heures. Assis à son piano, et accompagné de 3 musiciens, il fait swinguer les spectateurs, jeunes comme adultes, avec sa pop teintée de jazz, emblématique des années 70.

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Il nous faut quitter Elton un peu avant la fin de son set pour écouter Casseurs Flowters, aka Orelsan et Gringe, à retrouver bientôt en interview sur ce blog. Comme à la Rochelle, les deux compères font preuve d’une complicité évidente, et n’hésitent pas à incarner jusqu’au bout les 2 personnages tire-au-flanc dont leur premier album suit les aventures.

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Là encore, on s’éclipse avant la fin du concert pour voir Miossec. Le Breton, au rock déchirant et à la voix rauque, a toute sa place aux Vieilles Charrues, entouré de nombreux musiciens. Le public est composé de fans assidus, murmurant les paroles.

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La course continue : direction la scène Grall, pour Kid Wise, à retrouver prochainement en interview sur ce blog. Ce jeune groupe toulousain doit faire face à la rude concurrence de Stromae, dont le concert commence pendant leur set. Heureusement, un bon groupe de spectateurs résiste à l’appel de la Belgique, ce qui ne manque d’émouvoir les musiciens.

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Pour l’instant surtout connus par leur single « Hope », ils dévoilent au public de nombreux titres de leur premier album à venir, entre pop indé et rock progressif. Et ont même un invité surprise de dernière minute : Disiz la Peste !

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Si Stromae a réussi à gagner le coeur des Vieilles Charrues, tout comme à La Rochelle, il n’a pas pour autant vidé les festivaliers de leur énergie. Car ils en ont à revendre pour Franz Ferdinand, machine à tubes pop écossaise, bien huilée par les années sur la route. « Take Me Out », « Ulysses », « Right Thoughts, Right Words, Right Action », et tant d’autres, font sauter, danser, hurler la foule sans discontinuer. Pas étonnant que l’orage éclate à la fin du set, tant l’ambiance est électrique.

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En résumé de ce vendredi 18 juillet :

– l’indispensable : Stromae

– le plus « Fan 2 » : Elton John

– le rayon de soleil : Kid Wise

– on les a loupés et on regrette : Saint-Michel

Et il a frappé fort, avec Indochine en tête d’affiche, Vanessa Paradis en hôte de fin d’après-midi, et Christine and The Queens en révélation.

  • Jeudi 17 juillet : Christine and The Queens règne sur Carhaix

Le temps a décidé d’être capricieux dans le ciel breton, comme souvent. Pourtant, l’ambiance est bonne enfant à l’ouverture des portes, en fin d’après-midi. On croise une bigouden aux cheveux mauves, des fées et autres bonnes soeurs. C’est devant cette foule composite que Vanessa Paradis inaugure la scène Glenmor – la plus grande – en fin d’après-midi.

Accompagnée de ses musiciens – dont Benjamin Biolay -, elle ne se défait pas d’un large sourire, remerciant le public entre chaque chanson. Dansante et sensuelle, Vanessa Paradis transporte le public entre ses différents tubes, plus ou moins récents. On retient notamment la très catchy « Mi Amor », sur laquelle les spectateurs tapent des mains avec entrain.

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Un long entretien avec FAUVE, à retrouver très bientôt sur ce blog, nous fait manquer Odezenne sur la scène Grall – malheureusement – mais on enchaîne avec The Black Keys, l’une des surprises de la programmation. Bonne ou mauvaise, difficile à dire. Certes, le public est à fond pour soutenir les Américains Dan Auerbach, à la guitare, et Patrick Carney, à la batterie, dont le blues rock sent bon la poussière des grandes plaines. Mais les deux lascars semblent un peu empêtrés, surtout Auerbach, qui prend son temps pour changer de guitare entre deux titres, et tourne le dos à la foule sur certains solo. Heureusement, la seconde partie du set rattrape le tout. The Black Keys ravissent les Vieilles Charrues à coup de « Fever », « Howlin’ For You », « Lonely Boy ».

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Un choix épineux se pose ensuite : FAUVE≠ ou Christine & The Queens ? Deux artistes incontournables de ce premier semestre 2014, des dates complètes un peu partout, une effervescence qui ne retombe pas. La balance finit par pencher pour Christine, dont les concerts sont un peu plus rares que ceux de FAUVE≠, et donc encore plus prisés. Et l’on fait bien, car les Vieilles Charrues avaient dans leur sac à dos de festivalier une intense « Chaleur Humaine » à accorder à l’artiste.

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Plus tôt, en conférence de presse, elle confie que son « alter-ego », Christine – son vrai prénom étant Héloïse -, lui « permet autant de se révéler que de se cacher ». Pour elle, « la scène est un espace de libération et de désinhibition ». C’est peu de le dire. Que ses chansons sont portées par une force pop et house irrésistible (« The Loving Cup », « Narcissus is Back », « Science Fiction », « Half Ladies »), ou une douceur intense (« Nuit 17 à 52 », « Here », « Chaleur Humaine »), Christine plaisante entre chaque titre, tutoie le public, chante une comptine sur les galettes bretonnes.

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Mais l’implication du public ce soir, qui entonne plusieurs chansons, la déstabilise vers la fin du set, et ses yeux brillent. « C’est vous la chaleur humaine », chante-t-elle sur le dernier titre, visiblement émue et surprise d’un tel accueil. « Je me souviendrai de cette première date aux Charrues », conclue Christine. Nous aussi.

Place enfin au mastodonte Indochine. Entourée de deux « Traffic Girl » géante, placées de chaque côté de la scène, la formation emblématique du rock français assure un show démesuré, à grand renfort de spotlights et lancers de cotillons. On retient les indispensables « 3 Nuits Par Semaine », « J’ai Demandé à La Lune » et « College Boy ».

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En résumé de ce jeudi 17 juillet :

– l’indispensable : Christine & The Queens

– le plus « Fan 2 » : Indochine

– le rayon de soleil : Vanessa Paradis

– on les a loupés et on le regrette : Odezenne